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Quatrième partie - Le Gung An (Koan) et le Hua Tou

Une série d'essais discutant certaines récusations rencontrées par les Praticiens du Zen Occidental

Les pratiquants avaient l'habitude de s'entendre dire de ' laisser tout aller' et de ' ne penser ni au bien ni au mal' - mais ils ne pouvaient pas le faire. Ils n'arrivaient pas à laisser tout aller. S'ils ne pensaient pas au bien ils pensaient au mal. Sous ces circonstances, les patriarches n'eurent le choix que d'employer le poison pour combattre le poison, ainsi ils leur apprirent la méthode du gung et du hua tou "

- Grand Maître Hsu Yun ( Nuage Vide)

question-smBeaucoup de personnes équivalent à l'entraînement du Zen l'étude du gung- an (koan) ceci étant dû aux fréquents et très bons usages de cette technique dans les monastères Zen. Les koans sont une des plusieurs différentes techniques employées par les enseignants depuis des siècles afin de pouvoir aider les étudiants à percer leur mental rigide qui obscurcit le plus haut domaine du Soi. En Chine, l'emploi du gung-an fut abandonné lorsque les enseignants commencèrent à remarquer que les étudiants étaient de plus en plus relâche et avaient tendance d'intellectualiser le gung-an au lieu de l'utiliser en tant que véhicule pour pouvoir pénétrer leur propre esprit. Ils faisaient chemin à rebours, mettant des barrières au lieu de les enlever. Le hua-tou fut le pas suivant vers l'évolution de cette pratique en raison de sa grande simplicité et de son emploi direct, il est encore employé en Chine de nos jours. L'étude, aussi bien du hua-tou que du gung-an sont des méthodes excellentes, mais ne sont pas relatives pour tout le monde.

Le gung-an

De nos jours le gung-an est principalement employé dans les sectes japonaises Soto et Rinzai - pas toutes pourtant - comme moyen de départ pour les étudiants dans la pratique du Zen. Il est également employé par convenance en tant que semences dans les sermons. Traduit, le gung-an signifie "cas public." Un exemple cité dans le " Livre de la Sérénité, Cent Ans de Dialogues Zen" est intitulé " L'Honoré du Monde monte sur le Siège ". Le dialogue contient une Introduction, un Cas (le cœur du gung-an), un Commentaire, un Vers, un autre Commentaire et quelques Enonciations Supplémentaires. Dans cet exemple, le Cas est :

Un jour l'Honoré du Monde monta sur le Siège. Manjusri frappa le gravier et dit, "Observez clairement le Dharma du Roi du Dharma ; le Dharma du Roi du Dharma ainsi est."

L'Honoré du Monde alors descendit du Siège.

Avec une certaine considération et un petit fond historique, ce dialogue bien que bref, pose de nombreuses questions, idées et significations qui vont beaucoup plus profondément que ne l'indique le début. La beauté de ces moyens littéraires laisse un peu étonnement quant au pourquoi ces collections ont été si bien préservées au cours des siècles ou, pourquoi elles sont encore étudiées de nos jours. Cependant, en raison du déploiement implacable du temps, le contexte de la vaste majorité des anciens gung-an exige une grande explication, explication qui à l'époque où ils avaient été écrits n'était pas nécessaire. Il y a beaucoup de concepts théologiques qui faisaient partie de la connaissance commune des étudiants d'il y a mille ans et qui à présent ont presque disparus; par conséquent, l'étude des anciens koans peut exiger une telle connaissance de fond que l'objet se perd dans l'étude - ils deviennent plus d'intérêt académique que d'utilisation religieuse. Il y a, heureusement, quelques enseignants du Zen qui ont reconnu cela et qui créent des collections de koans contemporains qui sont plus utiles aux étudiants des cultures occidentales modernes.

Le hua-tou

Le hua-tou est une approche beaucoup plus simple mais avec la même intention que le gung-an : celle de percer le voile de l'ego (moi) par la concentration directe afin de révéler l'essence du Soi. Au lieu des dialogues, des commentaires et des versets ou d'encore plus de commentaires et plus de versets, nous n'avons qu'une simple idée à considérer : " Avant que vous soyez né, quel était votre visage originel ?" ou bien "Qui récite le mantra ?" ou encore, "Qui traîne ce cadavre partout?" ou même simplement "Qui mange?" Dans le hua-tou, il n'y a pas de place pour le dialogue, ni pour la discussion, ni pour le commentaire ni pour les versets : il y a juste la question sans réponse qui est à contempler. Tous les hua-tou sont essentiellement identiques ; ils tous ont la même réponse, une réponse qui ne peut pas être verbalisée - mais seulement réalisée. Maître Hsu Yun disait à ses étudiants : " lorsque vous commencez à regarder dans le hua-tou, saisissez-le étroitement et ne le laissez jamais partir. C'est comme une souris dans un cercueil qui essaye de ronger sa sortie, elle est concentrée sur un point. Elle n'essaye pas différents endroits et ne s'arrête que si elle réussit à sortir. L'objectif est, d'employer une pensée pour en supprimer des autres innombrables" Mais le Maître nous avertit que ce n'est pas une méthode à employer à la légère ni au hasard : " Cette méthode est le dernier recours, juste comme quand une flèche empoisonnée blesse quelqu'un -- des mesures draconiennes doivent être prises pour guérir le patient."

Certaines personnes m'ont demandé s'il est nécessaire d'avoir un maître tout en travaillant avec un gung-an ou un hua-tou. La réponse est oui et non. Certains anciens koans sont tellement entrelacés par des accents culturels, qu'un étudiant qui les étudie, a besoin d'assez bien d'informations de fond pour pouvoir commencer. Dans ce cas, un enseignant peut lui être extrêmement utile. Mais puisque l'intention fondamentale du gung-an et du hua-tou est de développer le point-direct de l'esprit par la contemplation, travailler indépendamment avec ceux-ci est essentiel afin qu'ils puissent servir leur objectif. On m'a également demandé comment peut-on savoir si on a réussi à pénétrer un hua-tou ou gung-an ? Lorsque nous les approchons avec intégrité, dévotion et intensité, nous saurons quand ils feront sonner une cloche pour nous. Ce sera toujours apparent, qu'ils soient encore opaques ou qu'ils se soient ouverts pour nous illuminer. Une fois que nous "l'obtenons," le besoin de vérification semblera aussi idiot que si un athlète olympique médaille d'or des 100-metres, demanderait à un des autres concurrents si sa course avait été bonne !


Il y a beaucoup trop de termes qui définissent le langage du Bouddhisme et en particulier du Bouddhisme Zen pour que je puisse m'adresser à tous, mais il est intéressant d'étudier profondément la manière dans laquelle les termes Bouddhistes sont employés historiquement aussi bien de nos jours si nous voulons saisir intérieurement la signification du "parler Zen" Se trouvant sur le rivage d'un lac nous pourrions apercevoir un petit bâton qui flotte sur sa surface ignorant complètement l'énorme branche à laquelle il est attaché juste en dessous. La terminologie religieuse est souvent comme ça. D'abord nous voyons le bâton, la signification extérieure et puis, tandis que nous fouillons dans la discipline spirituelle nous trouvons de nouvelles significations de ces termes et en même temps notre conscience et notre compréhension augmentent.

Beaucoup de terminologies Bouddhistes ont été mal employées, la plupart involontairement par des personnes qui ont manqué de voir un peu plus que le bâton sur la surface de l'eau. Ces personnes manquent d'expérience personnelle, celle qui apporte la compréhension plus profonde. Les mots n'ont pour nous qu'un rapport dans le contexte de l'expérience. Nous savons tous, par exemple, ce qu'est un chat. Nous avons tous vu des images, peut-être en avons-nous possédé ou caressé ou vu dans un magasin ou chez un ami. Nous prenons le mot chat en l'admettant dans notre vocabulaire parce que nous avons l'expérience directe du chat - expérience commune éprouvée par la plupart des gens avec qui nous parlons. Mais que dire de la personne pour qui le chat est un nouveau mot ? Elle consultera le dictionnaire et lira "une petit carnivore domestique, felis domestica ou F. catus qu'on trouve dans diverses variétés." Le lendemain cette personne parle avec un ami au sujet d'un bifteck délicieux qu'il a eut pour dîner le soir précédent. Il recherche une manière pour le décrire et décide d'être intelligent et d'employer le nouveau mot qu'il vient d'apprendre : " Oui mon pote " dit-il faisant le malin. " C'était un dîner fait pour un chat."

Les mots comme Dharma et karma, Bouddha et Avalokitesvara, Bodhisattva, Nirvana et Paramita certainement doivent sembler étranges pour les nouveaux venus ! Et semblent encore plus étranges lorsque nous lisons leurs définitions dans un dictionnaire ! Mais les dictionnaires n'indiquent seulement qu'une petite partie de leur histoire. L'expérience, elle, donne le contexte complet de leur signification. Les expériences spirituelles n'ont de signification sociale ou personnelle que lorsque nous en faisons un modèle sur lequel nous pouvons penser et organiser. Pourtant les expériences spirituelles en elles-mêmes ne sont pas basées sur le langage, ni dépendantes de la société ou contexte ou même sur une religion particulière à laquelle nous pourrions nous associer. Par manque de choix meilleur, nous adoptons la terminologie de la religion pour exprimer les idées et les expériences spirituelles, parce qu'elle contient le plus riche des langages, le plus complexe et plus significativement chargé que nous avons.

Dans la prochaine partie, nous verrons comment notre compréhension du Zen est largement déterminée par le contexte dans lequel nous sommes exposés.

Traduction: Fa Lian Shakya,OHY